Belleville

Belleville est le quartier où ScU2 est installé à Paris. En 2010 nous avons invité une quarantaine d’artistes à participer à une résidence virtuelle à Belleville. Le projet mené à distance, via internet, a donné lieu à la publication du numéro 14 de la revue Livraison, intitulé Labellevirtuelle, à l’invitation de Rhinocéros.

Le site du blog qui a permis de dialoguer avec les artistes // The blog which was the interface with artists during the project : ICI

Par ailleurs depuis 2009, ScU2 invite régulièrement des artistes lors de résidences individuelles sur Belleville donnant lieu à des interventions dans le quartier (Androa Mindre Kolo, Mega Mingiedi, Kiki Zangunda, Serge Amisi et Yaoundé Mulamba, Unathi Sigenu, Hervé Youmbi, David (Ditoma) Kadoule) // Belleville is the area where SCU2 stays in Paris. In 2010 we invited about forty artists to participate in a virtual residency in Belleville. The project set via Internet had issue in the publication of Livraison 14, entitled Labellevirtuelle, by the invitation of Rhinocéros. In addition since 2009, SCU2 regularly invites artists in individual residency in Belleville producing interventions in the area: Androa Mindre Kolo, Mega Mingiedi, Kiki Zangunda, Serge Amisi et Yaoundé Mulamba, Unathi Sigenu, Hervé Youmbi, David (Ditoma) Kadoule.
(To see the artists works, click on the links)

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Pour la sortie de la revue Labellevirtuelle il a été envisagé d’organiser une série de rencontre ainsi qu’une installation-exposition sur murs extérieurs de la Maison des Métallos prolongée par des collages d’images des projets d’artistes dans le quartier de Belleville en lien avec leurs propositions

Ci dessous les planches d’un projet (non réalisé) d’installation dans les rues de Belleville, de certains des projets LaBelleVirtuelle // An exhibition project viewing in the streets of Belleville the LaBelleVirtuelle project.


My body is my country?

Un projet (non réalisé) autour des pratiques de la « sape » et du « dress up » à Belleville

par Jean-Christophe Lanquetin et François Duconseille

Collectif ScU2 2010

« My body is my country » est une exploration des géographies du « body politics » (dimension politique des pratiques du corps, entre réglementation par la société et espace de liberté de l’intime au public…) à Belleville, comme une question posée à la population jeune – et pas seulement – du quartier.

C’est la très grande diversité d’origine des populations vivant à Belleville (chinois, pays africains et du monde arabe, communauté juive …), la présence importante de jeunes générations, souvent nées en France, l’envie de croiser leurs questionnements, leurs vies, qui nous conduit à engager ce projet.

«My body is my country» interroge, via l’habillement, la manière dont ces jeunes générations articulent leur présence au monde, entre pays d’origine, vie en France et contexte mondialisé.

Entre ce qu’ils portent et ce qu’ils regardent. Il s’agit de corps performatif, de démarches, de musiques, de rue comme « scène » et espace de cohabitation dans un quartier très fortement multi culturel, mais où les communautés se cotoient plus qu’elles ne se rencontrent. C’est de leurs pratiques et de leurs imaginaires qu’il s’agit.

Lolo Veleko / The Smarteez series

«Dress up »

Il s’agit de « dress up » (s’habiller chic), de « show up » (se montrer) : ou comment les identités individuelles, culturelles, de groupes, se construisent à travers des pratiques de l’habillement. Il s’agit de recyclage des styles et des esthétiques et de réinvention de sens (réinvention, ou perte ? diraient certains) ; mais pas seulement : il s’agit d’émergences des anciens subalternes par l’appropriation des codes des ex colonisateurs, perçus comme chargés de style, de classe ; d’accès et de relation à la société de consommation. Mais aussi d’un au-delà des identités nationales, des identités liées à la couleur de peau, au biologique, masculin – féminin, questions de genre, identité sexuelle…

Il y a une forte dimension ludique, faite de jeux avec les oppositions, les systèmes normatifs, les contraintes culturelles… (v. M.Foucault). Ce qui par extension renvoie à des débats en France sur les signes ostensibles d’identité. Mais pour nous, il s’agit d’explorer comment ce tissu d’enjeux traverse les pratiques de vie et d’habillement des jeunes générations vivant à Belleville et de les inscrire dans un contexte plus large, tant ces pratiques se développent aujourd’hui partout dans les grandes villes du monde.

Qu’en est-il des jeunes chinois de Belleville, souvent hyper fashion, qui font penser à ces générations de jeunes japonais que l’on voit notamment à Shibuya (Tokyo) et dont les codes vestimentaires mélangent avec une radicalité de l’apparence, les styles venus de partout. Et comment les congolais sapeurs, dans le métro parisien, dans la rue, entre eux réaffirment ici, en France, quelque chose de leur manière de regarder le monde et de s’y inscrire…

Il s’agit de mode bien sûr, mais on est au-delà de la mode. S’il y a une grande attention aux griffes, aux styles, aux coupes, aux couleurs… c’est en fait que via l’habillement, on touche à des enjeux ultra contemporains (car porteurs d’un fort potentiel, en devenir) de personnes, enjeux intimes, d’identités en construction, flottantes, ou au contraire des affirmations très fortes, revendicatrices, individuelles ou collectives, nationales ou singulières. Manières de donner une intensité à sa vie…

« Performing the identity »…

De l’invisibilité à l’hypervisibilité.

Il s’agit d’une « matrice de savoirs, de récits, de pratiques, (…) tout entière faite de circulation » (Jacques Rancière à propos des lores), de circulations souterraines : par exemple, il est frappant de voir comment les photos de sapeurs de Kinshasa, exposées dans la rue, dans le centre de Johannesburg (projet sape, JcLanquetin avec Athi Patra Ruga), parlaient immédiatement aux sud-africains, & populations de toutes nationalités, vivant et travaillant là. Il s’agit d’aborder les gens à un endroit qui les touche, intéresse presque tout le monde, immédiatement, tant ces codes de l’habillement font partie des jeux communs à tous, et tant le corps reste un territoire potentiel de liberté et d’expression, d’imaginaire, dans un monde ou cette liberté est de plus en plus contrainte. « My body is my country ».

Il s’agit enfin d’une manière d’approcher la ville, de l’observer à partir du point de vue de ses habitants (« People as infrastructure », dit Abdoumaliq Simone), de la manière dont ils l’occupent, la vivent : pratiques de la surface, de l’apparence, théâtralité de l’espace urbain à des fins aussi bien stratégiques qu’esthétiques. Il s’agit pour nous ainsi, de travailler la question de l’espace public et la relation aux spectateurs, aux publics, ici les habitants du quartier dans un territoire où, on l’a dit, les communautés se croisent plus qu’elles ne se rencontrent.

100th Year W(e)ar / Marche & fashion show au Drill Hall / Johannesburg 2008. JcLanquetin.

Background

Le projet sape, mené depuis 2006 par Jean-Christophe Lanquetin : projet photographique et d’installations dans l’espace urbain, autour de la « sape » à Kinshasa : – (exposé à Kinshasa, Berne, Johannesburg & publié dans African Cities Reader #1 (voir texte en annexe) :

Ce projet, qui au départ explorait les ressorts et enjeux de la « sape » kinoise sous forme de face à face photographiques avec les sapeurs et de photos grand format exposées dans la rue, s’élargit aujourd’hui vers une recherche autour des questions de corps performatif. Le projet à Belleville associe un groupe d’artistes travaillant ces questions en résonance avec le projet de Jean-Christophe Lanquetin.

Les résidences de Scénos Urbaines, un projet mené depuis 2002 par le collectif ScU2 dans le cadre desquelles certains artistes invités ont abordé ces questions (Eshu & Jules Wokam à Douala 2002, Steven Cohen, Athi Patra Ruga & Androa Mindre à Kinshasa 2006, Zen Marie à Johannesburg 2009). Mais aussi les Scénos Urbaines comme dispositif: un groupe d’artistes réunis durant un mois, vivant et travaillant au quartier et y exposant en fin de résidence, invités par un collectif implanté au quartier.

Ici il s’agit de ScU2, qui développe depuis deux ans des projets en lien avec l’espace urbain de Belleville et ses habitants (Résidences d’artistes à Traces, résidence virtuelle de Scénos Urbaines à paraître en mai 2011 dans le numéro 14 de la revue Livraison

Une particularité cependant : contrairement aux précédentes résidences, pour ce projet, les artistes travaillent autour d’une question commune, manière de croiser, de travailler avec et d’interroger les enjeux, les esthétiques des jeunes générations et populations vivant à Belleville.

Athi-Patra Ruga, …the naivety of Beiruth 1 & Kin Be Jozi project.

Le projet

Il est proposé à un groupe d’artistes, en résidence de recherche et de création à Belleville durant 3/4 semaines, d’intervenir avec leur point de vue, en dialogue avec le quartier et ses habitants. Les artistes choisis le sont pour leur pratique traversée par les enjeux évoqués ci- dessus. Et aussi parce qu’ils viennent de villes où ces questions sont très présentes et que leur regard sur un quartier de Paris nous intéresse.

Cela donne : des ateliers, projets photographiques, documentaires, de création, performatifs, exposition(s) dans l’espace urbain ; et un « fashion event » sur la place Pali Kao, un concours (doté d’un prix), articulant mode, sape, musique, défilé – avec les jeux de construction d’identité. Le principe étant de donner à voir cette dimension par la juxtaposition de pratiques de l’apparence venues de groupes très différents. Pour cela, des projections, des films sont montrés simultanément, qui juxtaposent les pratiques et donnent à voir comment ces enjeux existent aujourd’hui dans la plupart des grandes villes du monde.

Une première version de cet événement a été réalisée en avril 2008, au Drill Hall dans la rue, à l’issue d’une résidence de JcLanquetin (avec Athi Patra Ruga) à Johannesburg

« Exposition marche » / Johannesburg – Rosebank / 100th Y(e)ar Wear / JcLanquetin / Avril 2008.

Les interventions des artistes sont accompagnées par leurs travaux autour de ces enjeux (photos de Lolo Veleko à Joburg, Capetown, et aux Canaries, d’Alain Polo, de Baudoin Moanda, performances de Steven Cohen et Athi Patra Ruga, Androa Mindre etc…), qui sont exposés durant la période, dans un lieu, et/ou sous forme de marches, d’installations dans la rue, etc… Enfin, des débats & rencontres auront lieu autour du projet.

Des démarches sont en cours via l’Institut Français (ex Cultures France) et l’Ambassade de France à Pékin, afin d’inventer un croisement entre des artistes du continent africain et des artistes chinois, à Belleville et en Chine. Une étape de « My body » pourrait avoir lieu à Pekin ou Shanghai en 2012.

Baudoin Moanda / Sapeurs à Brazzaville

Artistes pressentis

Entre 5 et 8 artistes dont : Lolo Veleko, Athi Patra Ruga, Zen Marie, Steven Cohen (République Sud-Africaine), Alain Polo, Androa Mindre Kolo (République démocratique du Congo), Baudoin Moanda (Congo Brazzaville), un artiste français travaillant sur ces enjeux / Sakina M’sa, un ou deux artistes chinois (en cours)… & ScU2 (Francois Duconseille & JcLanquetin).

Pour la partie théorique & documentaire : Sarah Nuttal (chercheuse au Wiser, Wits University / Johannesburg) – qui pourrait être associée au commissariat (voir notamment son texte « Liberté de style » dans le n°100 de la revue Politiques Africaines – & Le peuple qui manque : http://www.lepeuplequimanque.org/ – autour d’une programmation de films.

Projet sape / JcLanquetin / Kinshasa 2006-2009

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Annexe: Un récit du projet sape (publié dans African Cities Reader #1)

JcLanquetin

Je travaille depuis 2001 à Kinshasa, en tant que scénographe. Au départ, l’omniprésence et la force du phénomène de la sape à Kinshasa est pour moi une énigme : pourquoi des gens se sapent t’il avec des habits griffés et chers alors qu’ils ont à peine de quoi manger ? Pourquoi cette fascination, cette obsession me semble t’il, de l’élégance, pourquoi ce système d’échanges, ces concours que je découvre dans la rue, concours entre bandes de sapeurs ?

J’observais, j’assistais, je posais des questions, je documentais.

En 2006, le PROGR, un centre d’art contemporain à Berne (Suisse), me commande un projet pour une exposition à Berne. Vient l’idée d’un dispositif scénographique (je ne suis pas photographe), un face à face dont la photo serait le medium : les sapeurs posent, regardent l’objectif, adressent quelque chose aux spectateurs. Je leur explique que les photos seront montrées à « mikili », de « mokili », le monde en Lingala, en fait ici surtout l’Europe, les pays « propres » (disent-ils), où l’on rêve de voyager parce que la vie y semble meilleure.

Postures de danse, positions inspirées de revues de modes, jeux de miroirs (imitation, parodie, instantanés ludiques) avec les « mundele » (les blancs en lingala), grotesques. Des fragments de cette culture gestuelle commune aux kinois, en constante évolution, émergent.

Mais aussi beaucoup de tristesse dans les regards, des évitements.

Adresse donc, mais dans le contexte urbain : les images sont construites dans une double relation, d’adresse et de présence du contexte, la rue et les spectateurs de la séance de prise de vue. Car la sape est un spectacle en soi, à Kinshasa, et chaque séance devient une fête, attirant un large public.

Sur les photos, le corps des sapeurs, leurs vêtements ouverts, leurs poses, cachent la ville, cette ville « sale » (disent-ils encore : « c’est pour rester propre » qu’on se sape, me dit-on encore et encore), cette ville qu’ils rêvent de quitter.

Les images sont exposées en grand format, la taille du corps photographié proche du corps spectateur. Le niveau de l’œil est 1,65m. De façon à faire exister le face à face dans l’espace.

Ainsi, depuis 2006, à chaque séjour, nous organisons des séances de sape avec des groupes d’hommes mais aussi de femmes, aidé par les amis kinois avec qui j’ai une relation de confiance. Ils les rendent possibles. Eux aussi se mettent à documenter, à photographier. Dès le projet à Berne, j’expose leur travail en parallèle du mien. Fondamental à ce projet, l’aide, le regard, le partage avec Dicoco Bokhetsu – musicien, vidéaste, performer- et Djanga Weni, musicien lui aussi (tous deux sont membres de Trionyx, groupe fondé par Bebson de la Rue) ; Androa Mindre Kolo, Freddy Mutombo, Kens Mukendi, artistes.

La convivialité fait partie du processus. Nous discutons longuement, mangeons, buvons, ces discussions sont essentielles, elles permettent de ne pas travailler d’en dehors, de rentrer dans la complexité des choses. L’intensité, la générosité, le plaisir sont ici importants.

Avec chaque séance se pose la question de l’échange (j’ai peu d’argent). Montrer les images à Kinshasa et en donner aux sapeurs s’avère essentiel. Car il y a cette pratique récurrente de la part des étrangers, de prendre des photos et de partir avec. Les kinois voient pour l’essentiel des images, de leur ville, de leur vie, sur les écrans tv, dans les journaux. Ils ne se reconnaissent pas dans la manière très souvent négative, voire misérabiliste, dont on parle d’eux, dont on montre leur vie. D’où une méfiance, compréhensible. D’où le choix, aussi, de faire des images, de se dire soi même : ainsi les photos de Kens Mukendi documentant un concours, et celles prises par Dicoco Bokhetsu qui vont au delà de la documentation pour mettre en scène imaginaires, fictions, rêves de l’ailleurs « mikili».

Outre un petit salaire, j’essaye de faire en sorte que chaque sapeur reçoive une image ; souvent on retrouve celle-ci accrochée chez lui. Des présentations vidéo ont lieu à Kinshasa, dans la rue, sur les lieux où ont été prises les photos, chez les bandes de sapeurs, dans un camp de la police… Chaque fois c’est la fête, avec aussi des effets narcissiques. Des endroits que je pensais impossibles d’accès s’ouvrent, je peux circuler plus en profondeur dans cette ville difficile d’accès.

A Berne, les images sont montrées dans une galerie (on refuse l’exposition dans la rue, trop dures, les photos, me dit-on). Mais d’évidence ce n’est pas leur place (l’objet photographique prend le pas sur le dispositif relationnel). C’est l’espace public, la rue, qui s’impose. Nous les exposons en grand format dans la rue à Kinshasa pendant les Scénographies Urbaines (note sur les scéno urbaines).

L’idée initiale est de coller les images dans la rue, aussi à Paris, Bruxelles, Tokyo (les sapeurs de déclarent tous « japonais », la mode japonaise – Yamamoto, Miyake…- étant particulièrement prisée), pour fabriquer un face à face, afin que les photos interrogent par leur présence dans les lieux de luxe d’où viennent les habits portés par les sapeurs. Je ne suis pas sûr d’y parvenir un jour, sauf sous forme de performance provocatrice, tant je pressens que l’on a pas envie de les voir dans de tels lieux. Quelques personnes, en France, qui connaissent le milieu de la mode, voient les images comme des photos de mode trash. Bon… Je me rends compte que leur sens varie beaucoup en fonction de l’endroit d’où on les voit.

On me propose de les exposer à Johannesburg, (lors d’une résidence à l’invitation de l’Institut Français et de The Joubert Park Project). Le dispositif se met en place avec Athi Patra Ruga et Dorothée Kreutzfeldt, artistes. Il s’agit de coller les images dans la rue, dans différents endroits de Johannesburg, le fashion district, autour du Drill Hall (dans le CBD), à Yeoville (où vit la communauté congolaise), et à Rosebank (« the Zone », le centre commercial le plus branché). L’effet attendu : que ces séances aient une dimension performative.

Lolo Veleko, photographe, me fait rencontrer les Smarteez, de jeunes artistes et fashionistas de Soweto avec qui elle travaille. Nous collons les photos ensemble. Une « chaine » s’esquisse. Certaines photos restent pendant des semaines, d’autres sont arrachées presque tout de suite. Les gens, dans la rue, captent instantanément ce dont il s’agit, la culture de la sape semble assez universellement partagée. Discussions, échanges, questions…

A Rosebank, impossible de coller les images : « the Zone », le centre commercial, est sous contrôle, caméras de surveillance et vigiles. De plus, il n’y a pas de surfaces libres – but recherché, d’ailleurs. Alors, avec Athi Patra Ruga, nous organisons une marche, les Smarteez et quelques complices portent les images. Nous les mettons en situation, dans la rue, dans les allées, dans les vitrines… Cette simple marche avec les photos, balade presque, déclenche la réaction des vigiles, ils nous indiquent la sortie. Nous nous dirigeons vers les parkings ; la balade continue. Ce n’est pas ce qu’espéraient les vigiles, car les parkings sont partie intégrante de la Zone, et, qui plus est sont gardés par des Congolais.

Les sapeurs kinois sont comme « parmi nous », leur présence en images renvoie à l’impossibilité physique de leur présence « ici, maintenant, aujourd’hui », « lelo awa , dirait l’artiste Mega Mingiedi. Lorsque je montre à Kinshasa cette marche à Rosebank, tout le monde comprend immédiatement la portée de ce moment.

Pour clore la résidence, nous organisons un « fashion event » au Drill Hall, dans la rue. Cela s’appelle « 100th Year Wear ». (de « Guerre de 100 ans, » le nom d’un des groupes de sapeurs à Kin – il y a aussi « Guerre sans fin », etc…). Son principe est de juxtaposer des pratiques fashionistas à Johannesburg avec les photos et films des sapeurs kinois. C’est la dimension politique de la sape qui ici nous intéresse : « body politics ». La manière dont des identités individuelles se construisent et s’expriment à partir des pratiques du corps et du vêtement. Les juxtapositions renvoient à une idée qui me semble de plus en plus prégnante : « mon corps est mon pays ».

JcLanquetin