Julie Kretzschmar

Julie Kretzschmar (France) A commencé dès l’enfance à jouer et à inventer des histoires dans un lieu utopique des Cévennes, animé par son père et d’autres adultes qui prenaient le soin de transmettre des gestes qui déploient l’imaginaire et fabriquent collectivement des fictions avec une communauté́ d’enfants issus de foyers d’accueil et aussi de familles d’artistes plus ou moins connus. Puis, elle s’est formée au Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier et a fondé en 2001 la compagnie l’Orpheline est une épine dans le pied, associée aux Rencontres à l’échelle – Bancs Publics à Marseille. Elle a également fait de longues études juridiques sans terminer une thèse de doctorat en philosophie du droit sur la production normative par les collectifs de défense des droits des étrangers. Elle voyage beaucoup depuis une vingtaine d’années, essentiellement dans le monde arabe et le continent africain. Ces dernières années, elle a travaillé notamment au Burkina Faso et en République démocratique du Congo pour adapter le texte de Fiston Mwanza Mujila, Tram 83 avec une équipe composée d’acteurs.trices d’Europe et d’Afrique, puis créer et tourner le spectacle en France. Avec Lénaig Le Touze, elle conçoit une forme documentaire à partir d’une commande d’écriture passée à Jean-Luc Raharimanana après un processus de recherche et d’ateliers menés avec des jeunes dans l’archipel des Comores et des adolescentes issues de la diaspora à Marseille. Elle prépare un projet initié dans le cadre du Napoli Teatro Festival en collaboration avec Bruno Boudjelal, photographe (prix Nadar 2018). La mer a changé de couleur questionne la visibilité des corps, celle de migrants africains et anglophones installés dans des villes méditerranéennes : Alger, Tunis, Athènes, Tanger, Barcelone. Elle a créé le festival Les Rencontres à l’échelle en 2008, festival international de création contemporaine qu’elle dirige depuis. 

Julie Kretzschmar (France) A commencé dès l’enfance à jouer et à inventer des histoires dans un lieu utopique des Cévennes, animé par son père et d’autres adultes qui prenaient le soin de transmettre des gestes qui déploient l’imaginaire et fabriquent collectivement des fictions avec une communauté́ d’enfants issus de foyers d’accueil et aussi de familles d’artistes plus ou moins connus. Puis, elle s’est formée au Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier et a fondé en 2001 la compagnie l’Orpheline est une épine dans le pied, associée aux Rencontres à l’échelle – Bancs Publics à Marseille. Elle a également fait de longues études juridiques sans terminer une thèse de doctorat en philosophie du droit sur la production normative par les collectifs de défense des droits des étrangers. Elle voyage beaucoup depuis une vingtaine d’années, essentiellement dans le monde arabe et le continent africain. Ces dernières années, elle a travaillé notamment au Burkina Faso et en République démocratique du Congo pour adapter le texte de Fiston Mwanza Mujila, Tram 83 avec une équipe composée d’acteurs.trices d’Europe et d’Afrique, puis créer et tourner le spectacle en France. With Lénaig Le Touze, she is designing a documentary form based on a writing commission to Jean-Luc Raharimanana after a process of research and workshops with young people in the Comoros archipelago and teenage girls from the diaspora in Marseille. She is preparing a project initiated as part of the Napoli Teatro Festival in collaboration with Bruno Boudjelal, photographer (Prix Nadar 2018). La mer a changé de couleur questions the visibility of bodies, those of African and English-speaking migrants settled in Mediterranean cities: Algiers, Tunis, Athens, Tangiers, Barcelona. In 2008, she founded Les Rencontres à l'échelle, an international festival of contemporary creation that she has been directing ever since.

URBAN SCÉNOS MAYOTTE

avec Lénaïg Le Touze

Déplace

Extraits de texte

Julie : Lénaig, tu fais quoi ? 

 Lénaig: Je vais mettre de l’anti-moustique

 Julie: Tu le laisses sur le bord du plateau, comme si quelqu’un en a besoin, il faut juste le remettre à la place. 

…. ( plus loin) 

Moi mon hypothèse c’est qu’ils ont voulu se défaire de cette ambiguïté un peu bizarroïde  du sens des outre-mer et se donner à une appellation plus noble : ultramarin. 

Ultramarin. 

Ça me fait penser à une pub de dentifrice.

J’entends l’appel de l’agence de voyage, l’ailleurs, l’évasion, la célébration de l’ile perdue, le bleu intense, le bleu au-delà des mers, le bleu ultramarin, le Bateau ivre, 

« Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur,
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur,

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient couler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs »  

Rimbaud.

Dans ma famille ils sont tous marins en Bretagne, ça ne nous est jamais venu à l’esprit de dire : on est une famille ultramarine alors que la banane…

La banane des Antilles, celle du salon de l’agriculture, elle s’est transformée en « banane ultramarine » ; au salon du livre, nos écrivains d’outre-mer qu’on appelle les écrivains ultramarins sont désormais conviés à réfléchir à la « dimension ultramarine » de leur écriture ; Et jusqu’à François Fillon, premier ministre en 2011 qui rend hommage au soldat réunionnais mort en Afghanistan et loue sa « fougue ultramarine » !

« Je ne suis pas un « Ultramarin », affirme un écrivain martiniquais, et je refuse cette idée que l’on puisse mettre des peuples différents, avec des pensées et des destins différents, dans un simple « Outre-mer ».




À la nuit tombée, le public assiste à une représentation du spectacle « Déplace » conçu et interprété par Julie Kretzschmar et Lenaïg Le Touze assistées à la régie par Didje et Assad le jeune comorien sans papier rencontré le 1er août lors d’une première visite dans le quartier.