Hervé Youmbi

In Urban Scénos Douala

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Le projet d’Hervé Youmbi consistait à prendre quelques figures anonymes mais emblématiques du quartier, à les maquiller puis les photographier afin d’en tirer des posters de « stars ». Une sorte de jeu de miroir avec des figures réellement connues, notamment les joueurs de foot comme Samuel Eto fils, nés au quartier.

_herveyo_78366_youmbi2

l’objet: mon texte
la date: Sun, 29 Sep 2002 11:51:08 +0200 (CEST)
De: herve youmbi
à: vonrat@club-internet.fr, lanquejc@club-internet.fr
Copies à: herveyoumbi@yahoo.fr

Papas!
Je sais que j’ai un retard considerable par rapport à l’envoi de ce texte que vous auriez voulu avoir dans les documents de communication que vous remettrez à Mike. Je m’en excuse profondement et vous le communique pour une prochaine utilisation.
 » Dans cet espace où l’ideal de vie baigne dans « un ailleurs rêvé »,un espace qui n’a pour dieux que des personnes qui ont une reconnaissance occidentale comme Richard bona et Samuel éto’o fils – respectivement bassiste et footballeur, juissant d’une reconnaissance mondiale et tous deux natifs de new-bell- je recouvrirai les panneaux et les murs de new-bell de photos agrandies de nouveaux dieux que j’aurai identifié et fait relooker par les coiffeurs du quartier.
Ils seront:
– Le gamin turbulant que tout le monde connait,l’adolescent brillant ou tête brulé qui est toujours suivi par tout les jeunes du coin ou le viellard qui agasse tout le monde et qui passe généralement pour le cloun du coin mais qui connait par coeur mieux que toute autre personne toutes les histoires liées à cet espace parcequ’il est l’un des tout premiers gamins du quartier… »
Voilà.
Nous sommes ensemble Papas!
H.Youmbi

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

In Urban Scénos Alexandria

_herveyoumbi_69884_youmbi

Installation inachevée à El Max, par manque de moyens techniques, mais présentée à la galerie Doual’art (Douala), lors d’une exposition personnelle. Le lavabo contient un moniteur tv qui diffuse un film tourné à El Max. 

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

In Paris-Belleville (Solo Residency)

Rue Rubem Um Nyobé

_residenceyoumbi_77177_youmbiExpoW

Exposition de fin de résidence dans le cadre d’un « Visa pour la création » de Cultures France.

A TRACES / 23 rue Ramponeau / du 17 au 24 novembre 2009

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Un texte de Dominique Malaquais

Les portraits sont à la base du travail d’Hervé Youmbi. Têtes sculptées en bois ; traits d’hommes, de femmes ou d’enfants peints sur toile de manière plus ou moins réaliste selon l’œuvre ; visages et corps faits non point d’yeux, de nez, de bouches ou de membres, mais d’objets – chemise, chaussure, chaise – ou d’empreintes (paumes, plantes de pied) ; photo numérique, vidéo… La quasi-totalité de sa production est constituée d’images d’êtres humains – représentations de l’artiste lui-même, d’amis et membres de sa famille, d’inconnus croisés dans la rue, de personnages célèbres (plasticiens, jazzmen, politiciens), de clients qui lui commandent un portrait – le tout décliné dans une vaste gamme de matériaux et d’approches.

Ce travail entrepris autour du visage et, de manière plus générale, du corps humain est déployé par Youmbi dans un contexte bien particulier. Depuis une dizaine d’années, en lien étroit avec les membres du Cercle Kapsiki, important collectif d’artistes camerounais dont il est un des fondateurs, il se focalise sur un sujet qui – en art comme en histoire de l’art, en sociologie, en visual et en culture studies – est au cœur de recherches touchant l’Afrique et son devenir au 21e siècle : la ville.

A travers une étude rapprochée du corps humain tel qu’il se présente, se représente lui-même et se voit représenté dans un cadre urbain, Youmbi pose des questions fondamentales sur sa ville en général, les villes où il séjourne, celles qu’il traverse et rêve de connaître – lieux, tous, qui sont pour lui source d’inspiration et support d’expression plastique.

Le travail qu’il entreprend, avec rigueur intellectuelle et discipline, interroge :

– L’histoire des villes, lue non pas à travers leurs « grands événements » mais leur vie de tous les jours et la relation de cette dernière à leur environnement physique ;

– L’usage (formel, informel) des matériaux dans les mises-en-espace et en mouvement des villes ;

– Les métaphores, les cris et l’humour (gai, grinçant) des sociétés urbaines ;

– Les rôles dévolus aux villes au sein des sociétés auxquelles elles appartiennent et, plus largement, dans le contexte d’un monde de plus en plus marqué par une globalisation infiniment plus complexe qu’on ne l’imaginait il y a quelques années à peine …

L’installation qu’il présente ici est intimement liée à ces questionnements et à la démarche artistique dont ils découlent. Elle met en lien deux espaces urbains et deux périodes historiques : Belleville (ici) et New Bell (là-bas – il s’agit d’un des quartiers les plus étendus et complexes, politiquement et économiquement, de Douala, la ville où vit Youmbi) ; aujourd’hui et dans les années 1950-60, période explosive qui a vu l’assassinat par la France du père de l’indépendance camerounaise, Ruben Um Nyobe, suivi d’une répression farouche qui aujourd’hui encore marque des aspects clé de la vie et de la contestation dans les quartiers les plus mal lotis de Douala. Il s’agit pour Youmbi de créer une rue au nom d’Um Nyobe à Paris, un espace qui marque la reconnaissance d’un passé trop souvent occulté. Créer cette rue à Belleville n’a rien d’anodin, l’artiste le souligne. Belleville est à ses yeux un lieu de rencontre de personnes de multiples origines, un lieu, dit-il, d’intégration. Si la mémoire d’Um peut être (ré)intégrée à celle de la France, cela ne peut – et ne doit – se faire que dans un lieu de ce genre – un lieu qu’ouvrent sur le monde, sur l’expérimentation et le possible des regards, des voix, des pratiques conjuguées.

Dominique Malaquais
CNRS

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

« Cinquante Quatre Visas-Je » / Projet

« Cinquante quatre visa-je » est un projet qui prendra la forme d’une installation de peinture, photo et vidéo.

Il s’agira de réaliser une galerie de 54 portraits de différentes dimensions dans chacun de ces trois médias.

Le principe consistera à côtoyer dans un premier temps les habitants du quartier de Belleville afin d’identifier mes modèles. Il y en aura 54. 50 parmi eux seront photographiés après avoir accepté de participer au projet. Ces photos me permettront, dans un premier temps, de réaliser deux genres de portraits : peints et travaillés sur ordinateur (photos traitées et transformées à l’aide de techniques et de logiciels variés). Les œuvres ainsi créées seront montées sur, et en partie cachées par, des battants de portes et de fenêtres.

4 des 54 modèles choisis feront l’objet d’une représentation à la fois plus rapprochée et plus accentuée. De ces personnes, avec leur permission, il sera fait quatre portraits vidéo.

Les portraits vidéo se feront comme suit. Tout commencera par un portrait en peinture – un pour chacun des quatre modèles. Ces portraits seront réalisés sur des morceaux de toile qui,  en haut et en bas, seront enroulés autour de fins cylindres de bois, le tout prenant la forme de supports semblables à des parchemins. Dès que le portrait réalisé sur « parchemin » sera achevé, je réaliserai une série de prises de vue de chacun des quatre modèles dans son espace de vie intime : recueil d’images de la personne aujourd’hui  (détails de son corps, cicatrices, tatouages, ornements), images recueillies d’elle quand elle était plus jeune, portraits photographiques de ses amis… Tous ces éléments participeront à la création des vidéos.

Chacune des vidéos commencera par un plan sur le modèle se voilant partiellement le visage à l’aide du portrait « parchemin ». Un trou perçant la surface de ce dernier fonctionnera comme une fenêtre ; à travers celle-ci, on verra défiler les images photographiques de la personne aujourd’hui et dans sa jeunesse, ainsi que les images de ses proches. Une fois terminé ce défilé, le trou-fenêtre disparaîtra progressivement et le support d’origine (le « parchemin ») se reconstituera, laissant apercevoir à nouveau le portrait peint du modèle. Comme en début de vidéo, la personne représentée aura entre les mains le « parchemin » et s’en voilera partiellement le visage. Puis, elle baissera  doucement les bras, découvrant intégralement ses traits. L’observateur, membre du public, se trouvera ainsi face à face avec celle ou celui dont la vidéo aura exploré une gamme d’aspects physiques et conceptuels.

Les 54 portraits seront présentés sous forme d’installation. Celle-ci sera un parcours : on y pénétrera, puis, en avançant, on se trouvera à gauche et à droite entouré de portraits peints et photographiés – deux rangées de représentations, 25 d’un côté, 25 de l’autre. Ces deux rangées de portraits créeront un sanctuaire peuplé de visages et de regards. Ce sanctuaire débouchera sur une salle obscure où les quatre vidéos seront projetées.

Note d’intention

Cinquante quatre visas-je

54 visa-je

54 visages

54 visa-je(ux)

54 visa-je           

54 visas de Je

Cinquante quatre visas-je

« Cinquante quatre visas-je » sera un gigantesque album de portraits de personnes que j’aurai rencontrées et côtoyées durant mon séjour à Paris dans le cadre de la résidence artistique offerte par Culture France à travers le programme «Visas pour la création ».

Ce projet sera également un symbole fort de cinquante quatre autorisations que j’aurai reçues de cinquante quatre différentes personnes afin de m’interroger sur leur identité.  En bref, il s’agit des cinquante quatre visas que je dois obtenir pour que l’œuvre puisse être.

Vues d’Afrique, les villes européennes sont perçues comme des espaces de vie froids, où chacun est enfermé dans son cocon. Des espaces urbains où les gens se croisent sans réel échange, où les uns vivent en ignorant tout des autres, y compris l’identité de leurs voisins les plus proches. Bien que ce propos sur la vie en Europe soit caricatural, je reconnais avoir en partie vécu, lors de séjours précédents en Europe, une grande solitude, solitude qui me semblait rythmer non seulement ma vie, mais celle aussi de centaines de personnes que je croisais dans les rues, les métros, les bus, les tramways. C’était à Paris, à Strasbourg, à Berlin…

La solitude, cependant, est une chose complexe, l’identité plus encore, et, souvent, en milieu urbain, les choses ne sont pas ce qu’elles paraissent.

C’est de ces réflexions que naît le projet « Cinquante quatre visas-je ». Je souhaiterais mettre à profit la résidence qu’offre Culture France dans le cadre de son programme « Visas pour la création » afin d’interroger les solitudes et les identités de cinquante quatre personnes qui vivent, fréquentent ou traversent régulièrement un même quartier de la plus grande ville de France. Il s’agit également de demander à ces personnes d’accepter de quitter leur cocon afin de se mettre sous les feux de projecteurs et d’ouvrir leur être à l’autre et, à terme, au public.

Paris est un carrefour,  ses quartiers sont cosmopolites. Une des volontés premières de mon projet est de mettre en exergue les différences, les mélanges et les complexités contenus en un espace – un quartier d’une ville – différences, mélanges et complexités qui sont une expression clé de la mondialisation et qui font d’un lieu un « village global » au sens propre du terme.

Cette installation sera une série de confrontations :

–     Confrontation entre ma personne et les personnes représentées

–       Confrontations entre les personnes représentées

–       Confrontations entre les personnes représentées et le public

Ces confrontations auront pour but de souligner tant l’isolement et les difficultés qui en résultent que les possibilités de réel échange intrinsèques aux espaces urbains.

Les membres du public, en se déplaçant à l’intérieur du parcours, entre les deux rangées de portraits seront des acteurs pour les regards fixes des personne portraiturées, regards en partie cachées (on s’en souviendra) derrière des battants de fenêtres et de portes. Les visiteurs  viendront découvrir les portraits et seront simultanément observés par les personnes portraiturées. Ces représentations fixées derrière portes et volets donneront l’impression que les personnes représentées sont dans un intérieur mi-caché et que les visiteurs, en mouvement entre les deux rangées de portraits, sont dans un espace public où ils ne peuvent qu’être vus … et voir.

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

In Urban Scénos Labellevirtuelle

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Hervé Youmbi

Cameroun

Artiste plasticien / visual artist

Né en République centrafricaine (RCA) en Mars 1973, Hervé Youmbi est un artiste multimédia, membre fondateur du Cercle Kapsiki, un collectif de cinq artistes plasticiens de nationalité Camerounaise fondé en 1998.A travers une étude rapprochée du corps humain tel qu’il se présente, se représente lui-même et se voit représenté dans un cadre urbain, Youmbi pose des questions fondamentales sur sa ville en général, les villes où il séjourne, celles qu’il traverse et rêve de connaître – lieux, tous, qui sont pour lui source d’inspiration et support d’expression plastique.