François Duconseille

Artiste visuel, scénographe, fondateur en 2000 de ScU2 et du projet des Scénos Urbaines avec Jean-Christophe Lanquetin // Visual artist, scenographer, funder in 2000 of ScU2 and of the Urban Scenos project with Jean-Christophe Lanquetin. 

Formé au Théâtre National de Strasbourg, François Duconseille travaille pour des spectacles de théâtre, des expositions, des émissions de télévision et développe une carrière individuelle d’artiste plasticien (Biennale de Paris, Fondation Cartier, nombreuses expositions en Centre d’Art et galeries en France et à l’étranger). Il fonde et dirige avec Jean-Christophe Lanquetin l’atelier de scénographie de la HEAR à Strasbourg, ils y mènent ensemble le programme de recherche Play>Urban. // Formed at the National Theatre of Strasburg, François Duconseille works for theater, exhibitions, television and develops an individual career as a visual artist (Biennale de Paris, Fondation Cartier, numerous exhibitions in galleries and Art Centre in France and abroad). He funded and runs with Jean-Christophe Lanquetin the department of scenography of the HEAR art school of Strasbourg. They hold there together the research program in art Play>Urban 


www.francois-duconseille.net


URBAN SCÉNOS MAYOTTE

LE JOURNAL

Tenir le journal de la résidence, publier au jour le jour l’évolution du projet


DES BOÎTES

Décembre 2020

(…) Par ailleurs durant ce séjour des premières pistes de projets personnels sont apparues, portées par les rêveries, les promenades réelles ou sur internet. Marie attire mon attention lors de la visite à la Vigie sur l’organisation formelle-informelle des boîtes aux lettres, les mêmes qu’en métropole, normalisées, répétitives, leur présence nous rappelle que nous sommes bien sur un bout de France. Elles marquent une appartenance administrative, nomment le rattachement, elles parlent aussi du voyage, du départ de certains pour de lointaines destinations, y construire une vie que certains peinent à réussir ici où les choses peuvent sembler arrêtées. Ces boîtes on à voir avec ce qui est au-delà des mers, elles deviennent nichoirs à oiseaux migrateurs colonisant un vieil arbre mort, ou agencées en grappe au sommet d’un mat planté au sommet de la Vigie tel un sémaphore appelant les nouvelles, pourvu qu’elles soient bonnes…


Les boîtes aux lettres souffrent à la Vigie, quasi seules représentantes d’une République française dans le quartier mise à part la présence régulière de la PAF, elles sont la cible de la colère juvénile. Les carcasses souffrent, se déglinguent, les portes sont la plupart arrachées, sans noms sont-elles encore en activité? il faudrait interroger le facteur. Une habitante m’explique alors que je photographie sa boîte éventrée que c’est la cinquième qu’elle achète au prix de 45€ pièce, elle préférerait que le facteur glisse le courrier sous son portail de tôle, idéal sauf en saison humide…

The mailboxes at La Vigie are suffering. Almost the only representatives of a French Republic in the neighborhood, apart from the regular presence of the PAF, they are the target of juvenile anger. The carcasses are suffering, falling into disrepair, most of the doors have been ripped off, but are they still in business? you'd have to ask the letter carrier. One resident explains to me, as I photograph her gutted box, that it's the fifth one she's bought for 45€ each. She'd prefer the letter carrier to slide the mail under her tin gate, which is ideal except in the wet season...

DES MOTS SUR TÔLES ET BÉTON

Rien d’étonnant, rien de surprenant en un quartier où les jeunes gens ont le sentiment de ne pas exister que de laisser son nom-pseudo comme on peut sur les parois qui quadrillent l’espace de la Vigie. L’usage de la bombe de peinture y est minoritaire, les mots sont souvent peints au pinceau ou un outil qui lui ressemble… expression brute d’un besoin impérieux d’identité.

In a neighborhood where young people feel they don't exist, it's not surprising to leave your name or pseudonym on the walls of the Vigie. Spray paint is rarely used here, and words are often painted with a brush or similar tool... a raw expression of a compelling need for identity.

TOMBE

Retour au cimetière catholique sur la route côtière entre Pamandzi et Dzaoudzi, c’est ici qu’en septembre 2021 je photographiais une tombe entourée de parpaings, photo publié dans la revue Play>Urban-Mayotte ainsi que sur mon Instagram . Sur place je ne retrouve pas cette tombe, il y a par contre d’autres tombes en parpaings, mais celle que je cherche est introuvable. Je photographie longuement ce lieu fascinant. C’est seulement au retour qu’en revoyant l’image de 2021 je réussis à identifier la tombe qui entre temps a été achevée. Devenue identique à celle de cette parcelle, je n’arrivais pas sur place à la distinguer, la voici blanchie et dotée d’une croix catholique.

Back to the Catholic cemetery on the coastal road between Pamandzi and Dzaoudzi, this is where in September 2021 I photographed a tomb surrounded by cinder blocks, a photo published in the magazine Play>Urban-Mayotte and on my Instagram. I didn't find this grave on the spot, but there are other breeze-block tombs, but the one I was looking for was nowhere to be found. I take long photographs of this fascinating place. It's only on my return that, looking again at the image from 2021, I manage to identify the tomb, which in the meantime has been completed. Now identical to the one on this plot - I couldn't make it out on the spot - here it is, whitewashed and adorned with a Catholic cross.



PLAY>URBAN-MAYOTTE-2021


URBAN SCÉNOS DOUALA




François Duconseille, en accord avec les propriétaires des maisons sur lesquelles il intervenait, a réalisé des images faites à partir de postits, fonctionnant comme des pixels. Une bible, un ananas et une rose. Les postits, une fois installés vibrent au vent, puis finissent par se détacher.

Voir aussi dans Hervé Yamguen : La cour de mon père, le projet de François et Aser Kash.


URBAN SCÉNOS ALEXANDRIE

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Francois Duconseille a envisagé de multiples projets, notamment autour du pont en construction, enjambant le canal, dont le tablier était alors posé à proximité. Toutes les propositions ont été refusées, de façon assez mystérieuses. François a alors réalisé un performance qui consistait à courir dans le quartier avec un panneau montrant une main de fatima faite avec des postits. Quant aux projets, ils sont devenus des cartes postales. 

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URBAN SCÉNOS KINSHASA


UN NICHOIR À KINSHASA

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Francois Duconseille souhaitait dans un premier temps réaliser un panneau publicitaire qui soit dans un même temps un « nichoir » à Shegues (enfants des rues). Le panneau était muni d’une échelle de corde, d’un trou dans sa facade et d’une plateforme à l’arrière, permettant aux enfants des rues de s’y nicher. Le projet s’est mis en route, intéressant la société Marsavco. François a alors réflechi sur l’image à présenter, et a choisi de proposer à Sapin, peintre populaire de faire l’image (une vraie image publicitaire). Marsavco a finalement refusé de financer le projet. // François Duconseille wanted first to realize a advertising panel which would be at the same time a « niche » for shegues (children from the streets). The panel was provided with a rope ladder, a hole in the facade and a platform behind, allowing the kids to stay there. The project started, Marsavco society was interested. Francois started to think about the image to present and proposed Sapin, a popular painter to realise the image ( a real advertising picture). Marsavco finally refused to fund the project.


Le projet consiste à créer un nichoir à enfants des rues dans un panneau publicitaire installé dans le quartier de Lingwala à Kinshasa. Derrière l’image ventant les mérite d’un produit miracle, une plateforme abritée par un toit de tôle propose un abri, un espace de repos dégagé de la rue et hors de portée des adultes. Les enfants y accèdent par un orifice circulaire étroit relié au sol par une corde à nœuds. La réalisation du nichoir est financée par la vente de l’espace publicitaire. L’image publicitaire est conçue et réalisée par un ou une équipe de jeune graphistes.

DESCRIPTIF TECHNIQUE

  1. La structure est en madriers de bois pour les poteaux et les supports de la plateforme.
  2. Le panneau publicitaire est en contreplaqué enduit, l’image publicitaire est peinte sur la face avant
  3. La plateforme est en lattes de bois légèrement ajourées
  4. Le toit est en tôle ondulée
  5. Les pieds sont fixés au sol par dans des lests de béton
  6. Le trou ménagé dans le panneau de l’image ne peut laisser passer qu’un enfant
  7. Une corde à nœud est fixée dans l’ouverture et permet d’accéder à l’ouverture

PROCESSUS DE PRODUCTION

  1. recherche d’un sponsor (de préférence une entreprise d’alimentation)
  2. concours d’idée pour la conception de l’image (jeunes artistes – étudiants de l’ABA)
  3. choix de l’image par un jury (sponsor, enseignants de l’ABA, organisateurs scéno)
  4. financement de la réalisation (construction + conception et réalisation de l’image) par la vente de l’espace publicitaire
  5. peinture du panneau publicitaire
  6. construction et installation
  7. inauguration

MUNDELE MUNDELE

un peintre populaire blanc à Lingwala

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François a commencé à circuler dans le quartier avec un seau de peinture, une tenue de peintre, des badges autour du cou. Il proposait aux gens de leur peindre un « mundele » ( ce qui veut dire blanc en Lingala, à Kin, dès qu’un blanc circule, il est interpellé « mundele, mundele ! ») sur les murs de leur parcelle, stand, etc. Aucune transaction d’argent, juste un échange. Et du dialogue. // Francois then started to walk inside the area with a seal of painting, and a costume of painter, badges around his neck. He was proposing people to paint a « mundele » (it means white in Lingala and in Kin at the moment a white person is circulating, people call out « mundele, mundele ! ») on the walls of theirs parcels, stands, etc. No money transaction, just an exchange. And dialog. 


Les premières formes ont été peintes dans l’enceinte de l’académie des Beaux-arts, une façon de tester le projet en un lieu protégé avant de m’exposer dans le quartier. Mais très vite, dès ma sortie de ce territoire, le projet s’est transformé d’une façon inattendue. Il ne s’agissait plus alors de travailler secrètement mais d’affirmer ma présence, mon action et d’intégrer la relation à la population dans le travail. Mes premiers interlocuteurs furent les enfants, omniprésents à toutes heures dans le quartier, je les intriguais, distrayais, on parlait beaucoup pendant que je réalisais les peintures. Chaque rencontre donnait lieu à une série de photos avec eux, devant ce qui devenait un décor pour leurs poses « héroïques »






quelques années plus tard, ce que les ‘Mundele’ sont devenus


URBAN SCÉNOS LABELLEVIRTUELLE

playing with John Clang


URBAN SCÉNOS DAKAR


URBAN SCÉNOS ST-DENIS (LA RÉUNION)

François Duconseille / Livre De Pierre / St Denis de la Réunion 2013 from Urban Scénos on Vimeo.


with ScU2

ScU2 / Allez voir l’ange / St Denis 2013 from Urban Scénos on Vimeo.



URBAN SCÉNOS PORT-AU-PRINCE


URBAN SCÉNOS STRASBOURG

La Ingold

Intéressé par les « Bibliothèques de rue » organisées par la JEEP au Neuhof, François Duconseille y développe avec cette association ainsi que la RESU et l’AGATE un projet autour du livre. L’idée est de raconter l’histoire d’un immeuble où vivent une quarantaine de familles. Au fil des rencontres avec les habitants, des souvenirs et anecdotes partagés, un recueil se constitue. Ecrits, dessins, photos glanés ça et là, sont mis en page. Au final et avant d’être déposé à la Médiathèque du quartier, le livre sera projeté et mis en jeu sur la façade de La Ingold, tour en attente de transformation urbaine. Pour cet événement, le livre et ses développements spectaculaires seront le prétexte à produire de nouvelles rencontres entre vie sociale et espaces intimes.

détails du projet ICI

Partenaires

JEEP Neuhof + La RESU + AGATE + Espace Django + CUS Habitat + CSC Neuhof

Participants

Habitants du 8 rue Ingold (Neuhof)

Équipe artistique

François Duconseille + Chloé Boulestreau, étudiante de la HEAR


URBAN SCÉNOS CONAKRY

régulièrement le matin avant que la journée commence, attablé à la terrasse de la Brioche de Kipé (filiale guinéenne de la Brioche Dorée) je regarde l’activité d’une grande rue de Conakry, il y a les voitures, de toutes sortes, mais surtout les passants et les taxis moto, leurs pilotes casqués ou non, leurs passagers, un, deux, parfois trois et les objets qu’ils transportent. Je dessine ce qui passe devant moi à des vitesses plus ou moins grandes, les dessins ne disent rien de la vitesse du sujet, le trait est égal que ce soit un passant lent ou un motocycliste pressé. Ce sont les têtes qui m’intéressent et surtout ce qui les couvrent, la variété me fascine, le carnet se remplit, une parenthèse idéale est là, y revenir se poser chaque matin, comme une bulle apaisante au milieu du tumulte.